Acheter là où on se sent bien ...

Publié le par JVMM

 

IMG 1369Ma commune est limitrophe de quatre communes : trois d’entre elles sont classées parmi les plus chères du département en termes d’immobilier et sont régulièrement pointées du doigt pour leur hostilité au logement social, la quatrième en revanche est l’une des communes de France qui a le plus de logements sociaux, environ 45 %.


Ma commune est en quelque sorte une commune tampon.

 

Nous sommes environ 17000 habitants, nous n'avons pas de lycée, et bien entendu chacun de nous espère pouvoir envoyer ses enfants dans un des lycées de la commune « hostile au logements sociaux » car tous sont bien cotés. Généralement les enfants de ma commune intègrent les lycées de la commune « hostile aux logements sociaux », mais il arrive que certains n’aient pas de place, ils ont alors la possibilité d'aller dans un lycée peu réputé de la commune « riche en logements sociaux ». Mais les parents préfèrent  généralement les inscrire dans le privé ou dans un lycée d’une autre commune éloignée malgré le temps de transport.


Avant 2007, les prix des logements dans ma commune étaient moins élevés que dans la commune voisine « hostile aux logements sociaux ». Ma commune offrait donc un bon compromis, le risque de pas avoir de place dans un lycée réputé étant  plutôt faible. Avec la crise les prix immobiliers de la commune « hostile aux logements sociaux » ont chuté de 30%. Cette commune compte plus de 75000 habitants, elle offre un plus grand choix de biens. C’est une des communes de France où les prix ont le plus chuté. Aujourd’hui, les prix y sont quasiment plus raisonnables que dans ma commune, pour un même budget on y trouve une maison de surface équivalente voire plus spacieuse avec du terrain. Pour exemple, j’y ai visité une maison de 140 m2 avec travaux à prévoir mais un énorme potentiel, sur 490 m2 de terrain, en plein centre ville, proche des commerces, du RER, etc. … mise en vente 605 000 euros. Comparez avec la maison visitée quelques semaines plus tôt dans ma commune : 150 m2 (bien qu’annoncée à 200m2) avec travaux importants à prévoir, sur 400m2 de terrain à 790 000 euros. L’emplacement est comparable en termes de proximité des transports, des commerces, des écoles mais ma commune est moins prisée que l’autre car nous ne disposons que de peu de commerces et nous n’avons pas de lycée.

La commune « hostile aux logements sociaux » est certes vaste et tous les quartiers n’ont pas la même cote car certains sont un peu éloignés du RER ou un peu moins bien desservis par les bus, mais elle ne connait pas de problèmes sociaux graves. On peut donc habiter en toute tranquillité dans n'importe quel quartier.

Hier, je me suis intéressée aux maisons dans la commune « riche en logement social », situées dans le quartier en bordure de ma commune, à quelques pas de chez moi donc. J’ai repéré une ravissante maison bourgeoise récemment rénovée sur 700m2 de terrain, la maison de mes rêves à 690 000 euros, elle est un peu hors budget, mais pas trop éloignée non plus de la fourchette haute. J’ai rendez-vous prochainement pour la visiter mais comme je l’ai localisée sur Google Earth, je suis tout de même allée faire un tour dans le quartier, c’est à 10 minutes à pied de chez moi. Dès que j’ai franchi la rue qui sépare les deux communes j'ai été frappée par le changement de décor, les rues sont un peu moins bien entretenues, c’est moins coquet. J’ai néanmoins la bonne surprise de trouver la maison dans une jolie avenue arborée et calme. C’est le paradoxe de cette commune, certains quartiers sont plutôt cossus et d’autres tombent en décrépitude. Mais c’est la commune « riche en logements sociaux » et ce matin en surfant sur les blogs je découvre une succession de commentaires peu attrayants, par exemple : "Cette ville est calée sur le modèle 9-3 comme image caricaturale pour faire plaisir à un parti qui n'existe même plus dans les dictionnaires : le communisme ! Délinquance hors norme, saleté repoussante des rues du centre ville, pas d'architecture urbaine, des gens dans les rues qui errent à ne rien faire, la police assez absente ( sans doute débordée) pas de tissu économique ou presque, un sentiment d'insécurité aussi élevé que dans les bas fonds de gennevilliers, etc... Pour sauver le décor, les bords de la rivière issus d'une bien ancienne carte postale de jadis."
Ce que j'aime
"Pas grand chose, peut-être le nom de la ville."
Ce que je n'aime pas "La pollution, le trafic chaotique, la délinquance, trop de..., pas de commerces."

Bon, cette personne semble particulièrement excédée, voici le commentaire suivant :

Adieu...
"Heureux d'être venu au départ nous sommes très heureux d'en partir, les jours et surtout les nuits sont un enfer! Beaucoup de voisins ne travaillent pas et font la fête sans interruption. Dur de partir au travail avec 4h de sommeil et dur pour les enfants à l'école."
Ce que j’aime"Les bords de la rivière bien sûr, les quelques commerces de proximité."
Ce que je n'aime pas "La population au centre ville."

 

Et je vous passe les autres. Ai-je envie d’aller vivre là-bas ? Ces commentaires ne sont pas très vendeurs ! Finalement, à 690 000 euros, cette maison me semble tout à coup hors de prix ! En plus je serais obligée de quémander une adresse fictive dans ma commune actuelle pour être certaine de continuer à y scolariser mes enfants.

 

Nous pourrions aller vivre dans la commune « hostile aux logements sociaux », j’y ai visité au moins deux maisons dans mon budget. L’une, citée plus haut, certes encore un peu chère compte de tenu des travaux, mais le propriétaire est prêt à discuter. L’autre, une grande maison bourgeoise sur trois niveaux, avec des travaux de déco et d’aménagement des combles à prévoir à terme, mais elle est néanmoins habitable presque tout de suite et spacieuse, idéale pour une famille de 5. Elle est proche du RER et des commerces. Le terrain est grand, près de 600 m2, certes elle est entourée de petits immeubles mais l’autre côté de la rue est bordée de pavillons bien entretenus. A l’heure actuelle, elle offre de 140 m2 habitables, ce qui serait bien suffisant pour nous dans un premier temps et une fois les combles aménagées on récupère encore 30 m2 au moins,  690 000 euros à débattre. En habitant la commune « hostile aux logements sociaux » j’aurai l’assurance que mes enfants seront scolarisés dans les meilleurs lycées du département. Mais je n'ai aucune envie d'être obligée de quitter ma commune à cause des prix délirants affichés par les vendeurs. Pensent-ils réellement qu'ils pourront ainsi tirer le marché vers le haut ?

 

Les biens sont rares sur ma commune, mais la rareté ne pousse pas les gens à acheter plus cher, les plus impatients se résignent à acheter dans les communes voisinesLes maisons qui sont trop chères restent en vitrine. J’ai décidé d’attendre. Le temps jouera en faveur des acheteurs.

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